L’affaire, on s’en souvient, avait fait grand bruit. Il s’agit de la condamnation de l’ex-directeur de cabinet du président congolais, Vital Kamerhe. En effet, accusé d’avoir détourné des fonds destinés au projet des « cent jours » du président Félix Tshisékédi, le patron de l’Union pour la nation congolaise (UNC) avait été jugé et condamné, en première instance, à 20 ans de prison ferme et à 10 ans d’inéligibilité. Lors d’un premier procès en appel, la peine avait été réduite à 13 ans de réclusion à l’issue d’un premier procès en appel, il y a de cela un an. Alors que Vital Kamerhe purgeait sa peine à la prison de Makala, la Cour de cassation, contre toute attente, en avril dernier, jeta un pavé dans la mare en annulant la condamnation de l’ex-directeur de cabinet, ouvrant la voie à un acquittement. Et c’est désormais chose faite. Car, depuis hier, 23 juin 2022, Vital Kamerhe est un homme libre de tous ses mouvements. Ainsi en a décidé la Cour d’appel de Kisshasa/Gombe qui, estimant qu’il n’ y a pas de preuves matérielles de détournement, l’a acquitté. Pour une victoire, c’en est une pour le natif de Bukavu qui, depuis le début de l’affaire, n’avait de cesse de crier à une cabale destinée à nuire à sa carrière politique qui se voulait prometteuse. Pourra-t-il rebondir politiquement ? On attend de voir. Mais une chose est sûre. Son acquittement intervient à un an de la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) où le paysage politique est en pleine recomposition.
L’acquittement de Vital Kamerhe pourrait constituer une bouffée d’oxygène pour « Fatshi »
Car, de plus en plus, Moïse Katumbi qui s’était rapproché du président Tshisékédi pour faire contrepoids au Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, donne l’impression de prendre ses distances vis-à-vis du camp présidentiel. Certes, les deux personnalités ont affiché une réconciliation de façade en se serrant la main, il y a encore quelques semaines. Mais tout porte à croire que la méfiance est toujours de mise, et ce, depuis que certains députés, manifestement stipendiés, ont déposé la loi sur la Congolité sur la table de l’Assemblée nationale. Cela dit, l’acquittement de Vital Kamerhe pourrait constituer une bouffée d’oxygène pour « Fatshi » qui pourrait, comme à la dernière présidentielle, s’en servir comme colistier pour tenir la draguée haute à ses adversaires. A moins que le patron de l’UNC refuse de pactiser avec son allié d’hier que d’aucuns accusent, à tort ou à raison, d’être à l’origine de ses déboires judiciaires dont l’objectif recherché était de l’écarter du cercle du pouvoir. Mais comme en politique, il n’ y a pas d’adversaires éternels, tout est encore possible. Peut-être sait-on jamais, le soutien à la candidature du président Tshisékédi a été la condition de l’acquittement de Kamerhe. S’il se sait tenu par la barbichette, ce dernier n’aura d’autre choix que de jouer le jeu au risque de retourner à la prison de Makala.
B.O/lepays.bf